Voilà une idée en bois

(démontable, mobile et à multiples usages) 
du « palimpseste immense et naturel » qu’est la mémoire, 
décrite par le mangeur d’opium Thomas De Quincey.
Ses horizontales et son déploiement feuillu figureraient 
« les couches innombrables d’idées, d’images, de sentiments,
tombés successivement sur votre cerveau (...)
comme les feuilles des forêts vierges,
comme les neiges indissolubles de l’Himalaya,
comme la lumière qui tombe sur la lumière.»

Ce palimpseste arc-bouté vous parlerait volontiers
du cours des choses
de la vie irrésistiblement fluviale,
de la joie de rassembler
en faisceau
l'attirail pensif,
sans prétendre y voir clair,
du bouleversement,
lorsque nous nous renversons en arrière
ou goûtons le recommencement.

Le premier jour il porta en strates chronologiques les notes du Jaune et les ébauches d’Aran. Il fit entendre, ici « une infinité d’arquebuses à vent » (par la bouche de Leibniz), là un homme qui n’est « guère plus présent que par l’amour, l’insoumission et le grand toit de la mémoire » (René Char), tout près un voeu de la poésie : « ne pas perdre de vue la relation, c’est-à-dire l’instant, ne rien figer, vivre, vivre libre » (Jean-Christophe Bailly).

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